Finies les chasses aux trésors, oubliées les courses-poursuites légendaires avec Charles et Walter, ou les visites épiques d’îles plus pittoresques les unes que les autres. L’heure est enfin venue de découvrir le monde, de naviguer à travers des océans lointains et de côtoyer des populations aux coutumes étranges. Première destination : la Nipponie, charmant petit pays asiatique qui désire s’ouvrir aux joies du commerce international. Cette vision économique n’est pas celle du capitaine Kobito qui profite de l’absence de l’Empereur pour enfermer sa nation dans une coquille ultra-protectionniste. Ainsi, le Kouklamou, fier bateau pirate, est-il reçu à coups de canon. N’importe quel marin d’eau douce aurait abandonné l’idée d’accoster une contrée aussi hostile. Pas le Capitaine, qui se découvre des talents de dessinateur, ni Romuald, parti à la recherche du nénuphar instantané, une sorte de porte-bonheur géant.
Le cinquième tome de Ratafia marque un changement de cap dans une série devenue, en quelques années, le pilier des éditions Milan. Le premier cycle s’était achevé, avec Dans des coinstots bizarres, sur une note un peu décevante. Le scénario, à l’image des personnages revenant sur des lieux déjà visités, semblait, en effet, tourner un peu en rond. Le nénuphar instantané, contrairement aux albums précédents, est un one-shot dont l’histoire se déroule, pour une fois, en majeure partie sur la terre ferme.
Pour autant, les aficionados des aventures loufoques des passagers du Kouklamou ne seront pas dépaysés. Exceptées les absences remarquées de Charles et Walter, tous les autres protagonistes répondent présents. Une myriade de jeux de mots, de références artistiques plus ou moins douteuses, allant de Gainsbourg à Sardou, de clins d’œil à la culture japonaise et de situations rocambolesques accompagnent les pérégrinations des célèbres pirates. De là à dire que le "Ratafia 2008" est un cru exceptionnel ? Peut-être pas. S’il est certes moins fade que le précédent, plus incisif, plus drôle aussi, il n’atteint pas le niveau d’excellence des deux premiers tomes. Car il faut bien admettre que trois ans après la sortie de Mon nom est Capitaine, l’effet de surprise ne joue plus. L’idée judicieuse de confronter les héros à d’autres peuples, aux cultures différentes, inculque à la série un souffle nouveau. Mais malgré la qualité toujours constante du dessin et des couleurs des frères Salsedo, la magie du début a du mal à opérer.
Alors ? Devra-t-on assister au déclin inéluctable d’une série qui aura su titiller si agréablement nos zygomatiques ? Suivra-t-elle le même chemin que beaucoup d’autres dont le scénario se délie au fil des tomes ? Seul maître à bord, Nicolas Pothier n’a peut-être pas l’expérience d’un vieux loup de mer mais a suffisamment de miles au compteur pour savoir, à coup sûr, redresser la barre. Bon vent !
L'avis de la communauté
Commentaires
Cet album n'a pas été commenté par nos membres :(